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Le nom de Sylvain Bourdeau n’est pas inconnu dans la région. Il fut commerçant en fruits et légumes à Richelieu pendant plusieurs années dans l’entreprise familiale et comme président du regroupement de gens d’affaires Regard. Il lui est arrivé de prendre des positions ou de soumettre à la Ville des projets pour favoriser le développement. Il n’a jamais été à court d’idées et depuis toujours, a-t-il confié, il cherche l’idée avec un grand «I», celle qui lui permettra de devenir son propre patron et le propulsera dans le monde des affaires. Il croit bien l’avoir trouvée : il a créé un cendrier de ville, en plein dans l’air du temps, pour recevoir les milliers de mégots que les fumeurs relégués aux trottoirs laissent un peu partout. 

L’idée lui est venue au sortir d’un 5 à 7 à Boucherville, en voyant les mégots «ornant» les abords du bar. «J’ai eu le flash et je l’ai conçu exactement comme il est actuellement. En arrivant à la maison, je l’ai dessiné. J’ai d’abord pensé le faire en «steinless» puis en visitant l’entreprise Pro ballast à Saint-Jean, j’ai trouvé les matériaux qu’il fallait. Mon fils Mickaël, 16 ans, a eu l’idée de l’entonnoir à l’intérieur pour s’assurer que les cigarettes tombent là où on veut», raconte-t-il.

Droit comme un «i» 
Son cendrier sera fabriqué ici, dans la région, par Pro-ballast et certaines composantes seront réalisées par Daniel Grégoire (le capuchon) et LS Fabrication à Chambly (tuyau intérieur). Son invention maintenant protégée est un prototype fabriqué. Sylvain Bourdeau se promène avec l’objet, de média en média et de client potentiel en client potentiel, pour s’assurer des commandes suffisantes pour lancer la fabrication. Lorsque la production sera lancée, il affirme pouvoir en faire sortir entre 50 et 100 de l’usine dès la première semaine. Il a déjà une commande de Mont-Saint-Sauveur et plusieurs rendez-vous avec des clients potentiels.

Le cendrier a l’allure d’une colonne d’une hauteur de 53 pouces, surmontée d’un capuchon et d’une boule… le point sur le «i» puisque son invention se nomme «I Kkwit Ashtray Tower» (bonjour le français…, mais bon, l’inspiration vient des IPod de ce monde!). Les fumeurs glisseront leurs cigarettes dans les trous prévus à cet effet, calculés pour éviter les accidents (il ne faudrait pas que quelqu’un s’y prenne un doigt). Il est fait de matériaux solides, est prévu pour un encrage résistant et dispose d’un tube intérieur qui peut recevoir une grande quantité de mégots et être facilement enlevé pour en faire la vidange. Le capuchon est verrouillé mais peut être soulevé facilement par les préposés à l’entretien.

«J’ai observé les habitudes des fumeurs, les aménagements urbains, notamment à Montréal, coin Université et De la Gauchetière où il y a plein de tours à bureau, devant la Place Ville-marie, aux intersections Saint-Denis-Maisonneuve, Crescent-Sainte-Catherine, à l’hôpital Saint-Luc, près des bars et restaurants. Partout, les gens ne disposent pas ou peu de cendrier ou ceux qui sont installés, excusez l’expression, ont une allure dégueulasse, ou sont insuffisants». Le cendrier de Sylvain Bourdeau possède par contre des attributs qui le rendront populaire, il en a la certitude : son design est attrayant, le prototype est bleu, «comme l’air pur», mais il peut se présenter en plus de 400 couleurs; il résiste aux intempéries, ne nécessite aucun sable et on peut même insérer un système d’éclairage dans le capuchon!

«Il sera fabriqué au Québec et il pourra porter des inscriptions du genre J’arrête, j’y gagne», assure l’homme d’affaire, qui a déjà contacté la Société canadienne du cancer pour s’associer à sa cause. Il compte verser 10 $ par cendrier vendu (au prix approximatif de 500 $ chacun). Son prototype lui a coûté environ 1500 $.

Pour Sylvain Bourdeau, cette aventure est peut-être l’aboutissement d’un défi personnel. Il souhaite ainsi améliorer sa situation financière et pouvoir enfin travailler moins d’heures pour consacrer plus de temps à ses enfants, qu’il élève seul une semaine sur deux. Actuellement représentant pour des compagnies, il aspire à plus d’indépendance. «Mon I Kkwit, c’est plus qu’un cendrier, c’est une image remplie de messages comme la détermination, la persévérance, la visualisation, la recherche de la santé et de l’air pur. C’est une vision», affirme son inventeur, qui espère étendre son marché au monde entier.

L’homme ne s’arrêtera pas là. Il a plein d’autres idées en tête, «plus ingénieuses encore», affirme-t-il. Il écrit, un livre pour les adultes, un autre pour les enfants, un show d’humour. Et il compte bien réaliser une idée de sa fille, Maude-Audrey, 7 ans, qui a inventé une toute nouvelle sorte de glissade d’eau, asure-t-il avec émotion.

Tel père tels enfants…

Carole Pronovost

Le Journal de Chambly – 25 juillet 2006

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